dimanche 2 novembre 2008

Troubles concomitants

Troubles concommitants:
Usage de cannabis chez les schizophrènes

Dans le Schizophrenia Bulletin (2007 pages 947 et suivantes) Bruce Rounsaville rapporte qu’il est courant que les patients en psychose fassent usage de cannabis. Quelle est la cause? Quelle est la conséquence? Quelle est la contribution du cannabis à la psychose? Comment classifier cet épisode car le DSM IV exclue un diagnostic de schizophrénie si la psychose peut être due à une substance psychoactive? Un Américain sur 7 admet faire un usage de cannabis mais la moitié des Américains schizophrènes admettent en faire usage.
Henquet (Schizophrenia Bulletin – 2005 pages 608 et suivantes ) dans sa méta analyse de 7 études à long terme, rapporte que le risque est doublé chez les utilisateurs de cannabis. La plupart des psychiatres sont plus prudents et indiquent qu’une contribution génétique s’ajoute à une contribution environnementale (stress, nouvelles responsabilités, etc. ) pour augmenter les risques. Le cannabis n’accroit probablement pas l’incidence de la schizophrénie mais la précipite et l’aggrave.
Une plus grande apathie peut être attribuée à la consommation de nombreuses drogues dont le cannabis.
À la conférence du 21 octobre, le Dr Barabé commence en indiquant que la distinction entre une psychose toxique et le début d’une schizophrénie est difficile à établir. Les mêmes syptomes sont présents; donc un suivi pendant un certain temps avec abstinence nous le dira. Une des causes de la consommation est la vie plate (sans travail, vie seul, pas d’activité dans laquelle il s’investit, mauvaises fréquentations) que mènent la plupart des schizophrènes. Les impacts de la consommation peuvent être dévastateurs : risque augmenté de violence, de suicide, moins de stabilité au travail ou aux études, problèmes financiers et problèmes de logement. Enfin, quand il fait partie du monde de la drogue, et surtout s’il est endetté, l’individu peut être appelé à être un pion sur un échiquier qui assume des risques et peut être sacrifié dans un jeu complexe d’exploitation.
Pour demander à quelqu’un de changer de comportement, il doit :
1- avoir la capacité à s’investir
2- reconnaître que c’est nécessaire
3- avoir confiance en ses capacités.

Les intercventions pour parvenir à une prise de conscience de la problematique peuvent susciter le questionnement entre la consommation et les objectifs de vie, stimuler les sources de motivation et rammener l’espoir en rappelant les réussites passées. La famille ne doit pas déresponsabiliser le patient mais doit garder le contact.
L’effet d’un joint sur les poumons peut être aussi délétère que 5 cigarettes. Cependant, il n’y a pas d’effet neurotoxique à long terme.
Les schizophrènes faisant usage de cannabis vont rechuter plus souvent (Liszen 1994) et auront plus souvent besoin d’hospitalisations ( qui seront plus longues). La première psychose arrive plus tôt chez les utilisateurs de cannabis ( American Journal of Psychiatry 2004,161 pages 501-506). D’autres conséquences des troubles concommitents incluent l’itinérence, l’aliénation,la judiciarisation, un risque accru de violence (comme agresseur, victime ou suicide), une moins grande fidélité au traitement, enfin un pronostic plus sombre et une espérence de vie diminuée.

Dans le British Journal of Psychiatry, (2004 : 184 pages 110 à 117, Louise Arseneault et al) on conclut qu’on peut diminuer l’incidence de psychoses en prévenant l’usage de cannabis chez les jeunes.

mardi 14 octobre 2008

Conférence à la librairie Paulines

Invitation à trois aumôniers de prison à prendre la parole à la nouvelle librairie Paulines au 2653 Masson (coin 2e avenue) le 9 octobre 2008.

Les 600 prévenus et les 600 détenus de la prison de Bordeaux comptent sur le Père Jean pour un acceuil inconditionnel et le respect de la dignité des humains qu’ils sont. Les aumôniers s’imposent aussi une ascèse de non-curiosité.
De quoi les prévenus ont-ils peur? Les prévenus en attente d’un procès ou en attente du prononcé de leur sentence vivent avec difficulté l’incertitude de leur situation. Ceux qui se retrouvent avec une sentence de deux ans moins un jour demandent parfois au juge d’excéder le seuil de 2 ans pour qu’ils se retrouvent dans une prison fédérale car ils y seront mieux logés et bénéficiront d’un meilleur encadrement. Les pénitentiers provinciaux ont peu de programmes pour contrer la racine des problèmes comme les drogues, la violence, l’abus d’alcool ou la frustration vécue en silence.
De quoi les détenus ont-ils peur? D’abord ils ont peur de sortir! Ils s’attendent à être froidement acceuillis quand ils sortiront sans argent, sans adresse, avec leur sac de papier contenant leurs effets personnels. Beaucoup d’entre eux ont peur de retomber dans l’enfer des drogues, une condition qui a précipité leur chute vers la prison. L’insécurité face à la remise en liberté prochaine ont poussé Yvon Robidoux et Michel Lessard au suicide. Un détenu de 66 ans faisait valoir qu’à sa sortie, il devait s’attendre à un petit chèque mensuel qui lui permettrait de louer un petit 1 ½ tout seul, loin de la vie de communauté qu’il s’était forgé à Bordeaux.
Dans une optique plus positive, une période d’emprisonnement peut être vécue comme une remise en question, ou une rencontre avec soi-même. Les prisons fournissent un encadrement mais malgré la présence de gardiens, les drogues et la violence sont présentes.
Il y a des prisonniers qui ne vivent pas derrière les murs d’une institution. En effet, il est de plus en plus courant d’imposer une sentence à êrte purgée dans son appartement, avec la permission de ne sortir une heure le dimanche plus une heure par semaine pour faire l’épicerie. N’y a-t-il pas alors un danger de déprime? On peut aussi dire qu’il y a plus de « prisonniers » à l’extérieur des murs parce que les contraintes des gangs criminels et la dépendance aux drogues font des milliers de victimes.
La famille dans son ensemble souffre de l’emprisonnement d’un membre car le prisonnier, c’est souvent une mère ou un père, une épouse ou un mari, un mentor ou le soutien d’une personne agée, etc.
Notre première perception de la criminalité s’arrête souvent à un rôle masculin; pourtant la criminalité féminine augmente très rapidement surtout chez les jeunes. Pour les loger toutess, les autorités carcérales prévoient doubles le nombre d’occupantes par cellule.
Un livre sur l’expérience du père Jean, « 38 ans derrière les barreaux » est disponible à la librairie Paulines.